Emmanuelle Mandon

Ma rencontre avec Alexis grâce à une amie commune, le fait de me retrouver entièrement dans ses valeurs, mon engouement pour le projet de Contact Nature et le désir d’y apporter ma pierre.
J’ai à cœur de montrer que la montagne est un milieu tissé de vies à approcher avec égard et respect, et non pas un simple « terrain de jeu » comme on l’entend si souvent.
Par ailleurs, j’ai maintes fois expérimenté (sur moi-même, mes proches, mes élèves, mes clients) à quel point les expériences immersives dans la montagne forment et transforment les personnes, induisant une attitude d’humilité, de confiance et de gratitude.
Aussi suis-je convaincue, à l’heure des urgences écologiques et sociales, que la randonnée en montagne est un puissant moyen pour conduire à une refondation profonde et nécessaire de notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes.

Par des habitudes douces et coopératives concernant le transport et l’alimentation. Dans la famille, on se déplace à vélo et à pied et l’on pratique les transports en commun, le covoiturage et le stop. L’alimentation est bio et locale, essentiellement végétarienne.
Par des activités tournées vers la montagne (l’escalade, le trail et la randonnée).
Par le partage de ma passion pour la rando itinérante (j’ai initié beaucoup d’amis et de membres de ma famille aux joies du bivouac, et c’est en tant que nourrissons que mes enfants ont fait leurs premières nuits en altitude et à la belle étoile).
Par ma faculté de me réjouir au quotidien du miracle de la lumière dans les arbres, des reflets de la rivière Drôme, du chant des oiseaux, de l’odeur de l’herbe mouillée, de la ligne d’horizon des montagnes du Diois que j’ai la chance de voir depuis chez moi.
Par des lectures avides, enfin, de tout ce qui a trait à la nature, à l’écologie, à la montagne (articles, essais, récits, magazines).

Il y en a eu plusieurs. La plus ancienne remonte à mes 6 ans, âge auquel je suis partie en colonie de vacances à Lus la Croix Haute. Les animaux (des poneys, des poules, un bouc, un cochon nommé « Bougie ») vivaient parmi nous, et le cadre était enchanteur.
Je me rappelle précisément l'odeur du buis, la couleur du torrent et les chatouilles des criquets venant percuter nos mollets en descendant de la pointe feuillette. Ces sensations sont associées à jamais à des moments de félicité intense que j’ai cherché à retrouver ensuite. Surtout, les nuits sous tipi dans le Vallon de la Jarjatte entouré de magnifiques sommets, furent une révélation : le début d'un amour indéfectible pour la montagne et pour toutes les formes de vie qu’on y trouve.

« Vivre en conscience ». Cette unique phrase en condense de nombreuses autres : se connaître soi-même, être authentique (aligner ce qu’on fait sur ce qu’on pense et ce qu’on est), habiter son présent, cultiver l’attention et la capacité d’émerveillement, ne rien faire qui aille à l’encontre de ses valeurs, agir en sorte de n’avoir pas de regrets, aimer la vie.
J’aime aussi cette invitation de la philosophe Corine Pelluchon à reconnaître notre vulnérabilité et notre dépendance à l’égard des autres vivants, humains et non humains.
Enfin, je me retrouve totalement dans cette expérience si bien résumée par Jean Giono, ce poète de la nature : « Trouver l’apaisement dans l’amitié d’une montagne »